Des études ont montré qu’au moins quatre pour cent des hommes et deux pour cent des femmes en Suisse, âgés de 30 à 60 ans, souffrent d’arrêts respiratoires nocturnes. Mais quelles sont les causes et les symptômes de l’apnée du sommeil et comment traiter cette affection?

L’apnée du sommeil peut avoir deux origines principales. D’une part, un contrôle inadéquat de la tonicité musculaire de la langue peut entraîner un blocage des voies respiratoires et des arrêts respiratoires pendant le sommeil. D’autre part, une insuffisance cardiaque peut être responsable d’une absence temporaire du réflexe respiratoire. Selon le Prof. Dr méd. Kurt Tschopp, spécialiste ORL à l’Hôpital cantonal de Bâle-Campagne à Liestal, plusieurs facteurs favorisent cette maladie. Il explique: «Le surpoids est le principal facteur de risque de l’apnée du sommeil. Mais d’autres éléments jouent un rôle, comme des amygdales hypertrophiées, des rétrécissements dans la région nasopharyngée, comme par exemple une cloison nasale déviée, une mâchoire inférieure en retrait, ainsi que le tabagisme, une consommation excessive d’alcool le soir ou encore la prise de somnifères et de sédatifs, augmentent le risque d’arrêts respiratoires nocturnes» Enfin, l’apnée du sommeil peut également avoir une origine génétique.

Les symptômes de l’apnée du sommeil

Les personnes souffrant d’apnée du sommeil ont un ronflement bruyant et irrégulier. Ce sont souvent les partenaires qui observent des arrêts respiratoires nocturnes, dont les patients eux-mêmes n’ont pas conscience. Dans la journée, ces personnes rencontrent des difficultés à se concentrer, à être attentives et présentent des troubles de la mémoire en raison de la fatigue. Leur performance au travail diminue. Elles s’endorment facilement la journée dans des situations monotones, par exemple devant la télévision le soir, en conduisant sur une route longue et rectiligne, voire en société. Elles ne se sentent jamais véritablement reposées et manquent souvent d’énergie le week-end pour entreprendre des activités, ce qui affecte leur qualité de vie. Des symptômes comme la transpiration nocturne ou des migraines au réveil peuvent également être des signes d’apnée du sommeil. De nombreuses personnes souffrent de cette affection pendant des années avant d’obtenir un diagnostic, et certaines ne sont jamais diagnostiquées. La Ligue pulmonaire suisse estime qu’environ 150 000 personnes souffrent d’apnée du sommeil en Suisse. Mais seule la moitié environ des personnes concernées est diagnostiquée.

«L’apnée du sommeil ne prive pas seulement de sommeil, elle réduit aussi la qualité de vie – les thérapies modernes donnent de l’espoir.»

Les conséquences possibles de l’apnée du sommeil

L’apnée du sommeil augmente le risque d’hypertension, et donc d’infarctus du myocarde (crise cardiaque) et d’accident vasculaire cérébral. Les personnes concernées sont aussi plus susceptibles de développer un diabète. En outre, la maladie favorise le déclin cognitif- dégradation des facultés mentales- et augmente le risque de dépression. D’autres symptômes fréquents incluent une baisse de la libido. La somnolence diurne constitue également un danger sur la route, en augmentant le risque d’accidents de la circulation.

Le diagnostic de l’apnée du sommeil

Le diagnostic de l’apnée du sommeil peut être posé soit dans un laboratoire du sommeil, soit à domicile. Dans un laboratoire du sommeil, des capteurs sont placés sur le corps du patient qui permettent de surveiller son sommeil. L’enregistrement des ondes cérébrales fournit des informations sur les micro-réveils, la qualité et la profondeur du sommeil. Une technicienne ou un technicien en laboratoire surveille également le patient à l’aide d’une caméra vidéo.

Pour ceux qui préfèrent effectuer l’examen à domicile, elles reçoivent des instructions pour installer les capteurs correctement. Un appareil mesure et enregistre pendant la nuit plusieurs paramètres physiologiques, telles que l’activité cardiaque, le taux d’oxygène dans le sang, les mouvements respiratoires et le flux d’air par le nez. Les données enregistrées dans l’appareil portatif sont ensuite analysées par un médecin. Une montre connectée ne peut en aucun cas remplacer cet examen.

Traitement de l’apnée du sommeil

Pendant longtemps, le seul traitement de l’apnée du sommeil consistait à porter un masque respiratoire CPAP pendant la nuit. Ce dispositif assure une ventilation à pression positive continue, empêchant l’obstruction des voies respiratoires. Toutefois, grâce à sa longue expérience, le Professeur Tschopp sait qu’environ la moitié des patients ont du mal à supporter ce masque.

Si les amygdales sont hypertrophiées, une intervention chirurgicale peut être envisagée pour les retirer. En cas de prognathisme insuffisant- rétrognathisme, la mâchoire inférieure peut être avancée à l’aide d’une gouttière dentaire. Un appareil anti-ronflement peut empêcher l’obstruction des voies respiratoires (du pharynx).

D’autres mesures peuvent être bénéfiques, comme une perte de poids en cas de surpoids ou encore éviter de dormir sur le dos.

Le professeur Tschopp sait que « chez de nombreuses personnes concernées, toutes ces mesures restent toutefois sans effet. Si l’apnée du sommeil est causée par une obstruction du pharynx par la langue, un stimulateur lingual innovant peut aider ».

Une innovation thérapeutique contre l’apnée du sommeil

L’Hôpital cantonal de Bâle-Campagne à Liestal utilise depuis quelques années la thérapie Inspire, une technique de stimulation de la langue, pour les patients souffrant d’apnée du sommeil sévère. L’insertion microchirurgicale d’un stimulateur lingual permet de stimuler la langue afin de maintenir les voies respiratoires ouvertes. Selon le Prof. Tschopp, environ 90% des patients traités à Liestal sont très satisfaits de leur stimulateur lingual et opteraient à nouveau sans hésiter pour cette intervention. L’expert explique: «De nombreux patients ont enduré un véritable calvaire avant de découvrir cette solution. Grâce à l’opération, leur qualité de vie s’est considérablement améliorée. Ils dorment enfin profondément, se réveillent reposés le matin et ont retrouvé leur énergie vitale. Pour beaucoup, vivre sans ce dispositif est impensable. Cette thérapie, que nous pratiquons à l’Hôpital cantonal de Bâle-Campagne depuis plusieurs années, a prouvé son efficacité.»