La démence est de plus en plus souvent diagnostiquée. Irene Lagger, conseillère spécialisée en démence chez Alzheimer Suisse, nous explique pourquoi.

Madame Lagger, quelle est la prévalence de la démence?

Actuellement, environ 156 900 personnes vivent avec une aliénation mentale en Suisse. Chaque année on dénombre 33 800 nouveaux cas. La plupart des personnes développent la maladie après l’âge de 65 ans.

Pourquoi cette maladie est-elle si fréquente aujourd’hui?

L’augmentation du nombre de cas est liée à la forte croissance démographique. Un nombre plus important de personnes atteignent un âge avancé, considéré comme le principal facteur de risque de démence. Les diagnostics s’améliorent sans cesse, ce qui permet une détection plus précoce et plus précise. Un mode de vie malsain peut également influencer le risque de maladie. En particulier, le manque d’activité physique, l’obésité, la consommation excessive d’alcool et les maladies associées, telles que l’hypertension artérielle et le diabète, peuvent accroître le risque de démence.

Comment reconnaître les premiers signes de la démence?

La mémoire est généralement affectée au début de la maladie: les malades oublient des événements importants et posent plusieurs fois la même question. Tôt ou tard, le langage est également impacté: les personnes concernées ont du mal à trouver leurs mots et confondent certains termes. Elles éprouvent de plus en plus de difficultés à suivre une conversation et à comprendre ce qu’on leur dit. Au fil du temps, leur capacité à parler diminue, jusqu’à devenir complètement silencieuses dans les phases avancées de la maladie. S’y ajoutent des problèmes d’orientation et des sautes d’humeur. Les évolutions sont très variables.

Existe-t-il d’autres causes pouvant entraîner des troubles de la mémoire?

Oui. Au cours du processus normal de vieillissement, la capacité d’attention diminue progressivement. Des facteurs de santé tels que les troubles du sommeil, la dépression, le diabète, l’hypertension artérielle ou les effets secondaires de certains médicaments, peuvent également être à l’origine d’une détérioration de la mémoire. Un diagnostic précoce permet de faire la distinction entre la démence et d’autres causes de troubles de la mémoire pouvant être traitées. Cela facilite également la vie au quotidien en adaptant l’environnement. De plus, des traitements peuvent être initiés plus tôt, et ainsi ralentir l’évolution de certaines formes de démence. Contrôler les signes précurseurs est donc essentiel pour préserver la qualité de vie et prendre les mesures préventives nécessaires, telles que le soutien, la mise en place d’un mandat de protection pour inaptitude, des directives anticipées (testament) ou des dispositions financières.

Comment traite-t-on la démence aujourd’hui?

Le traitement est complexe, car il doit toujours être adapté à la situation individuelle. Pour traiter certains types de démence, en particulier la maladie d’Alzheimer, on dispose aujourd’hui d’inhibiteurs du cholinestérase et la mémantine, des médicaments, appelés anti démence. Ils peuvent rendre temporairement meilleures les performances cérébrales, les stabiliser, voire ralentir leur détérioration. Ces médicaments atténuent également certains symptômes neuropsychiatriques, comme l’agitation, l’irritabilité ou l’apathie. Cela améliore non seulement le bien être des patients, mais aussi la vie quotidienne de leur entourage (cohabitation avec le malade). Toutefois, ces traitements ne permettent ni d’arrêter ni de guérir la maladie.

Les dernières recommandations thérapeutiques mettent de plus en plus l’accent sur les interventions non médicamenteuses, telles que l’entraînement de la mémoire, l’ergothérapie, les activités stimulantes, l’art-thérapie, la musique ou la danse.

Pour ralentir la progression de la maladie, il est essentiel de recourir à différentes méthodes qui soutiennent et stimulent les capacités encore disponibles. Plus ces approches sont variées, plus elles sont efficaces: alimentation équilibrée, contacts sociaux, activité physique régulière et sommeil suffisant. L’ensemble de ces mesures peut influencer positivement l’évolution de la maladie.

Comment aider les personnes concernées au quotidien?

Un diagnostic de démence est un choc, tant pour la personne atteinte que pour ses proches. Cela génère souvent de l’incertitude et des angoisses. Il est donc crucial d’encourager les malades et leurs familles à rechercher du soutien. Lorsqu’ils parviennent à accepter la maladie et à prendre des dispositions pour l’avenir, cela peut améliorer leur bien-être. Le quotidien et la cohabitation avec les malades sont également facilités si l’on adopte une attitude respectueuse et patiente à leur égard, en leur offrant un environnement sûr et bienveillant..

Informations complémentaires

Alzheimer Suisse: www.alzheimer-schweiz.ch

Téléphone Alzheimer (également anonyme): Tél. 058 058 80 00